C’est un livre passionnant, et ce fut un petit-déjeuner Global Center for the Future éclairant de perspectives et d’échanges sur l'avenir de l'économie et ses dynamiques.

Le livre d'Yves Perrier et François Ewald, « Quelle économie politique pour la France ? Pour un nouveau pacte Etat-entreprises-citoyens » (Editions de l'Observatoire, 2023), plaide pour une thèse centrale : la France a besoin de renouer avec une « économie politique », c’est-à-dire pour une large part un Etat stratège, une ambition de puissance, une vision économique inscrite dans la durée, au service des intérêts du pays.

La force de cette vision générique tient notamment en trois points majeurs :

▶ L’histoire des capitalismes occidentaux, depuis la Seconde guerre mondiale, laisse apparaître des pays soucieux de leurs intérêts (Etats-Unis avec le capitalisme financier, Allemagne avec l’ordolibéralisme ou capitalisme rhénan), et une France privilégiant une « économie de services » ouverte sur le monde, sans préoccupation véritable depuis plus de vingt ans pour ses propres intérêts.

▶ Le monde, qu’on le veuille ou non, est un champ de rapports de forces. Le livre de John Darwin, « Une histoire globale des empires. Après Tamerlan, de 1400 à nos jours » (Paris, Nouveau Monde éditions, 2020 (2007)) en témoigne profondément. Depuis les années 2000 et l’intensification de la « guerre des empires » (François Lenglet, « La guerre des empires. Chine contre Etats-Unis », Fayard, 2010), cette réalité s’est encore accrue.
Et l’une des difficultés de la France est de peiner à assumer une véritable « stratégie de puissance ».

▶ La décennie qui vient, devant conjuguer décarbonation et réindustrialisation, offre une opportunité pour mettre en œuvre une stratégie de moyen terme. La France dispose pour cela d’atouts majeurs.

Concrètement, cette « économie politique », cet Etat stratège peut se déployer avec un « nouveau pacte Etat-entreprises-citoyens », autour de formes démocratiques réinventées.

Dans l’époque actuelle où prospèrent les anathèmes et les visions régressives, la force du livre d’Yves Perrier et François Ewald consiste à promouvoir une vision cohérente dans la durée, et à aligner des modalités d’action au service de cette ambition.

Une pensée économique qui est également, et inévitablement de manière sous-jacente, toujours politique au sens noble du terme. Un livre à lire.

Un grand merci à Yves Perrier et à François Ewald, et aux participantes et participants pour leur implication, leur attention et leur esprit d’ouverture.

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